L'eau-forte

Jean-Claude Renaud et l’eau-forte…     

         L’AQUAFORTISTE réalise des gravures à l’EAU-FORTE. Ses estampes sont imprimées sur une presse TAILLE-DOUCE. La taille-douce est un procédé de gravure en creux et l’imprimeur s’appelle un TAILLE-DOUCIER. Une estampe créée, gravée et imprimée par une seule et même personne est qualifiée d’ORIGINALE. Je suis donc un aquafortiste-taille-doucier et j’imprime des eaux-fortes originales.

          Je grave mon sujet sur une plaque de cuivre, la PLANCHE, préalablement vernie et la plonge dans un bain d’acide qui attaque le métal en profondeur aux endroits griffés par la POINTE-SECHE. On peut utiliser aussi des plaques de zinc ou d’acier. Le nom générique d’eau-forte a été donné par les anciens aux acides utilisés dans ce procédé et le terme désigne de nos jours indifféremment le produit mordant, l’estampe et la technique. Ma planche est gravée en plusieurs étapes afin de me permettre d’apprécier l’avancement de mon travail ; dans ce cas, j’imprime une ou plusieurs épreuves appelées ETATS, pièces recherchées par les collectionneurs du fait du nombre restreint de tirages.

          La planche est encrée sur toute sa surface, puis essuyée avec un chiffon qui ne peluche pas, de façon à laisser l’encre seulement dans les creux. Ce sont les TAILLES en creux qui servent d’éléments d’impression, d’où le nom de taille-douce donné à cette technique. L’impression est toujours effectuée sur du papier humide ; le passage sous la presse laisse une marque en creux sur le bord de l’estampe. On l’appelle le COUP-DE-PLANCHE ou la CUVETTE.

          Lorsque le résultat est jugé satisfaisant, je décide d’imprimer mes estampes, la plupart du temps en tirage limité, par exemple 30 exemplaires. Il s’agit du TIRAGE D’EDITION. Je numéroterai les épreuves une fois séchées. Dans notre exemple, la quatorzième épreuve sera numérotée : 14/30 au crayon de mine, en bas à gauche et sera signée en bas à droite. Une gravure peut être tirée en plusieurs couleurs, soit à la poupée : plusieurs couleurs sont étalées sur une même planche, soit en utilisant plusieurs planches destinées à recevoir chacune une ou plusieurs couleurs.

L'aquatinte

Jean-Claude Renaud et l’aquatinte 

       L’AQUATINTE est un procédé de gravure en taille-douce à l’eau-forte. Ce terme est utilisé pour qualifier l’estampe et la technique. Il ne s’agit plus de tracer des lignes dans le vernis de la planche mais de traiter des surfaces délimitées sur la planche. 

       Tout d’abord, je détermine les zones à « aquatinter ». Ces espaces doivent être grainés avec une densité plus ou moins soutenue, de façon à donner des effets d’ombres ou de zones plus ou moins foncées pouvant aller jusqu’au noir. Le résultat est comparable à un lavis ou à un camaïeu pour des impressions monochromes, voire à une aquarelle pour des impressions en couleurs. D’où le nom d’aquatinte (du mot italien aquatinta ou teinte à l’eau). 

       Les zones non « aquatintées » sont recouvertes par un vernis protecteur. Ensuite, je saupoudre sur toute la planche une résine colophane très fine que je fais chauffer de façon à ce que les grains adhèrent à la plaque sans toutefois s’étaler sur toute la surface. Cette opération est délicate et nécessite une certaine expérience. La planche est plongée dans un bain d’acide et la morsure s’opère entre les grains de résine. Cette opération s’appelle le GRAINAGE et le résultat obtenu une GRENURE. 

       Les valeurs de gris léger à noir foncé sont  obtenues en fonction du temps de morsure, de la densité de résine déposée, de la grosseur du grain, et des répétitions de grainage. L’essuyage doit être exécuté avec délicatesse afin de garder une homogénéité des valeurs de gris. On peut « retrousser » l’essuyage afin donner plus de velouté aux couleurs des zones grainées. 

La pointe-sèche

Jean-Claude Renaud et la pointe-sèche 

        La POINTE-SECHE est un procédé de gravure directe, en taille-douce ; on grave la planche directement, sans avoir recours au vernis, à l’aide d’une pointe aiguisée. La pointe griffe le métal, comme le soc d’une charrue laboure le sillon. Les copeaux  rejetés sur le bord du sillon sont appelés des barbes. Après encrage, lors de l’essuyage, les barbes retiennent l’encre et donnent à l’impression un trait irrégulier et velouté, caractéristique à ce procédé.

        Avec plusieurs décennies de pratique, il m’est beaucoup plus facile de décider si je dois choisir ce procédé plutôt que l’eau-forte lorsque je veux évoquer une atmosphère particulière : romantique ou bucolique, par exemple. L’exécution d’une pointe-sèche doit être spontanée.  La présence des barbes rend l’essuyage plus délicat et le nombre de tirages est très limité. Toutefois, on peut faire aciérer la planche si l’on veut imprimer un nombre plus important d’épreuves.